le Pirate Forum

  
Dans le cadre d'une mission humanitaire avec Mécénat-Chirurgie Cardiaque, j'ai eu la chance d'aller une semaine au Rwanda, "le pays des mille collines."
L'objectif de la mission, qui était une mission de découverte, était de créer une collaboration avec les autorités sanitaires du pays, de comprendre leurs besoins dans la prise en charge des enfants porteurs de malformations cardiaques (ou maladies cardiaques acquises) et d'organiser une éventuelle prise en charge de ces enfants par l'association, en les faisant venir en France se faire opérer.
Le lien s'est fait sur place grâce à une jeune infirmière française bénévole, travaillant au sein d'une association dans une zone rurale de la province de l'Est du Rwanda (Village de Karembo).

En arrivant au Rwanda, je connaissais très peu de choses de ce petit pays. J'avais surtout en tête mes lectures de ces derniers mois, axées sur le génocide perpétré contre les Tutsi du Rwanda de 1994, et je dois dire que j'y allais avec quelque appréhension, d'une part de la réaction des gens par rapport à nous, français, et d'autre part de ma réaction vis-à-vis des gens en âge d'avoir été adultes en 1994...
Je ne connaissais du Rwanda que ce que j'avais lu ici ou là : petit pays d'Afrique de l'Est, région des Grands Lacs, grand comme la Bretagne, situé entre la Tanzanie à l'Est, l'Ouganda au Nord, la République Démocratique du Congo à l'Ouest et le Burundi au Sud. Le climat y est idéal : 26-28 ° toute l'année, des pluies suffisantes pour que la nature soit luxuriante (bananeraies, caféiers, manguiers, ananas, patates douces, ignames, etc) , une saison sèche pas trop longue, un paysage vallonné de collines qui s'enchaînent à perte de vue, des couchers de soleil équatoriaux, mais aussi (hélas !) des moustiques véhiculant le paludisme du fait de marécages étendus avec des papyrus à perte de vue.

Pendant une semaine, nous avons sillonné le pays, de la capitale Kigali jusqu'aux provinces rurales les plus reculées, rencontré les plus hautes autorités (Ministre de la Santé) comme les gens les plus humbles. Mon rôle premier était d'être cardiologue, avec mon appareil d'échographie. Je n'ai sorti mon appareil photo qu'au bout de quelques jours - ou alors, plus simplement pris des iPhotos à la volée.

Ce reportage sera à plusieurs étapes.


1) Kigali, la capitale

Le contraste de la ville est saisissant. Les collines de la ville sont couvertes de petites maisons basses, en terre et toits de tôles, chemins de terre. Mais les quartiers récents sont en construction permanente, d'édifices modernes, centres de congrès de verre, routes asphaltées, trottoirs peints, pelouses et jardins balayés par les employés municipaux... En 20 ans, depuis le génocide après lequel le pays était exsangue, le pays d'est redressé pour être désormais un des pays d'Afrique avec la plus grande croissance.
L'ambiance y est néanmoins africaine, avec les marchés animés, les flots de motos-taxis, les habits colorés, la musique dans les rues.

Vue depuis la colline du Centre des Congrès vers une colline plus populaire


Vue depuis le Ministère de la Santé (remarquez le terrain de foot - ils soutenaient la Belgique, pas la France...)


En marchant vers la gare routière


Marché en plein air


Les Taxis-Motos (le moyen de transport le plus pratique à Kigali)


Vue depuis les beaux quartiers


Employés municipaux (dimanche compris), qui balaient et nettoient la poussière et les feuilles mortes dans les espaces publics


Le dimanche 3 juillet était une "journée sans voiture", pour promouvoir le sport familial. Ici, une famille devant le Convention Center


La salle de réunion au Ministère de la Santé, avec le portrait de Paul Kagamé, à la tête du Rwanda depuis la fin de la guerre, post-génocide. Nous y avons été reçus par Agnès Binagwaho, ministre de la Santé, pédiatre, d'une efficacité impressionnante.


Enfin, qui va au Rwanda ne peut passer à côté de la Primus : bière brassée au Rwanda, la moins chère, servie uniquement en grandes bouteilles. "Partager une Primus" signifie "boire une bière ensemble".


à suivre....

  
Merci de nous faire découvrir le Rwanda, dont le nom est avant tout synonyme de génocide.
J'attends la suite avec impatience :D:

  
Effectivement, ces belles images semblent traduire un pays apaisé. On veut bien la suite :D:

  
Encore une belle aventure avec MCC dans ce pays tellement meurtri. Merci de nous la faire partager et nous permettre ainsi de remettre un peu à leur place nos petites mauvaises humeurs européennes ... :bise:
La suite est attendue avec impatience.
  • Message par Piga, samedi 9 juillet 2016 à 11h37
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Très beau, merci ! À la fois pour les photos et l'engagement avec MCC.

Sur un forum voisin il y a le récit d'une autre belle aventure au Burundi - mais cela aurait pu être au Rwanda : Na WEWE, tournage d'un film pour la RTBF dont l'action se passe en 1994, pendant la période où les Hutu exterminaient les Tutsi. J'ai eu la chance de voir ce court métrage, très impressionnant.
Plog

  
2) Mémoire du génocide

Comme pour l'immense majorité des gens ici, le Rwanda était pour moi synonyme de génocide. Ou en tous cas, c'est la seule chose que je connaissais a priori de ce pays, et encore, de façon extrêmement sommaire. Alors apprenant que nous allions y mener une mission, je me suis plongée dans des livres sur le Rwanda, la plupart sur le génocide lui-même, et sur l'après-génocide. Ces derniers mois ont donc été nourris de ces lectures terribles, notamment la trilogie de Jean Hatzfeld : Récit des marais rwandais, mais aussi quelques livres de Scholastique Mukasonga sur la vie rurale d'"avant", à l'époque où les massacres récurrents laissaient pressentir la possibilité d'un génocide organisé, et sur la politique de réconciliation imposée par le gouvernement de Kagamé pour que le pays puisse se relever et aller de l'avant.
Comment faire autrement, d'ailleurs, qu'imposer une politique réconciliation lorsque toute la population a été, d'une manière ou d'une autre, actrice du génocide ? Quand des centaines de milliers d'hommes et de femmes ont levé la machette contre des centaines de milliers de leurs voisins, frères, parents, etc.
Bref, je suis arrivée au Rwanda avec ces images terribles en tête, me demandant comment les hommes et femmes en âge d'avoir été acteurs ou victimes rescapées du génocide pouvaient vivre ensemble, se côtoyer au quotidien, sur les lieux-mêmes des massacres.

Une chose frappe d'emblée dans tous les endroits visités / traversés : des banderoles Kwibuka 22. Kwibuka signifie se souvenir, 22 pour le 22è anniversaire du génocide.
Nous apprenons que tous les mois d'avril, une semaine de commémorations est imposée à tous, avec conférences, discussions, exposés officiels et entre voisins. Une semaine pendant laquelle tous se retrouvent autour de cette seule et unique discussion : comment cela a-t-il été possible et comment faire pour que ce ne le soit plus jamais. Le négationnisme du génocide est sévèrement réprimé, l'allusion à l'appartenance "ethnique" désormais interdite. Il faut savoir que la différenciation "ethnique" Tutsi et Hutu a été imposée par le colonisateur belge au début du XXè siècle, cristallisant par la suite les frustrations et la haine, alors qu'il ne s'agissait, et ce depuis des siècles, que de l'appartenance à une classe sociale, les Tutsi étant des éleveurs plus riches (on était Tutsi à partir d'un certain niveau de richesse, selon le nombre de vaches que l'on possédait, et au cours de sa vie on pouvait tout à fait changer d'appartenance, de Hutu, devenir Tutsi. En obligeant les gens à indiquer leur appartenance à l'une ou l'autre sur leur carte d'identité en 1932, les Belges ont profondément changé la société rwandaise, et fabriqué un terreau propice aux catastrophes qui se sont succédées depuis 1959 - mort du roi Tutsi - jusqu'à leur paroxysme en 1994.


Dans les rues de Kigali, à côté des publicités pour les téléphones portables





Mémorial (équivalent de nos monuments aux morts) devant l'hôpital de Butare (ville de la province du Sud), où sont gravés les noms de tous les morts. Il y a un tel monument aux morts dans chaque bâtiment administratif, y compris dans les ministères.





Devant l'église de Nyamata. Banderole sponsorisée par l'équipe de foot Manchester United !





Si la plupart des génocidaires ont été libérés en 2003 dans le cadre de la politique de réconciliation, certains ont néanmoins été condamnés à la prison à perpétuité (ou condamnés à mort, avec une peine commuée en prison à vie). Ils travaillent, tels des bagnards, le long des routes, surveillés par des hommes et femmes en armes. On les reconnait à leurs habits roses ou orange. Les croiser ainsi rend l'histoire récente moins abstraite, et pour ma part, m'a beaucoup impressionnée.





L'église de Nyamata. C'est ici qu'a eu lieu un des massacres les plus sauvages de ces cent jours de furie humaine qu'a duré le génocide.
Se réfugiant dans les lieux de culte, les Tutsi se croyaient à l'abri, comme lors des massacres précédents. Mais en ce mois d'avril 1994, Dieu a été laissé de côté - très bien raconté dans le dernier livre de la trilogie de Jean Hatzfeld - et les génocidaires ont tué en 48h plus de 10000 Tutsi réfugiés dans cette église et alentour.
A la fin des massacres, sur les 59000 Tutsi vivant sur les collines autour de Nyamata, seuls 9000 ont survécu.
L'église est désormais transformée en Mémorial, très éprouvant à visiter - tout ayant été laissé en place...





Devant l'église-mémorial, un matin comme les autres : la vie a repris. C'en est presque surréaliste.




à suivre...

  
3) Les hôpitaux

La raison première de cette mission était d'établir des contacts avec les autorités sanitaires du pays, de comprendre si l'association Mécénat-Chirurgie Cardiaque pouvait leur être utile, et, le cas échéant, mettre en place un système de prise en charge des enfants.
Nous avons donc visité les hôpitaux du pays, à Kigali et à Butare, rencontré les médecins et directeurs d'hôpitaux, et consulté les enfants porteurs de malformations cardiaques ou pathologies cardiaques acquises nécessitant une opération cardiaque.
Le niveau sanitaire du Rwanda est excellent. 98 % de la population bénéficie d'une assurance maladie de la part de l'Etat, à condition de se plier au système de soins pyramidal : consulter d'abord dans les dispensaires, puis, si le dispensaire ne suffit pas, dans les hôpitaux de districts, puis, si les hôpitaux ne suffisent pas, dans les hôpitaux de référence (CHU de Kigali et de Butare, et 3 autres hôpitaux à travers le pays).
Il y a une réelle volonté de doter le pays de soins pour tous, avec une politique active de formation des agents médicaux - infirmiers, soignants - aux soins courants mais aussi techniques dans la cinquantaine d'hôpitaux de district (acquisition de compétences en échographie cardiaque par des infirmiers formés pour le suivi de maladies valvulaires, pour ce qui nous concerne, avec dotation des hôpitaux en appareils d'échographie, etc). Ce maillage sanitaire est tout à fait impressionnant, et donne l'impression d'un système de santé qui se porte bien. Les médicaments sont disponibles pour tous, et pris en charge pas l'assurance maladie. Les plus indigents bénéficient au même titre que tout le monde du système de santé et l'assurance maladie, sans avoir besoin de cotiser.
Pour les soins techniques qui ne sont pas encore possibles au Rwanda, notamment pour la chirurgie cardiaque (adulte ou pédiatrique), l'Etat a un budget spécial pour adresser un nombre - malheureusement limité - de patients dans d'autres pays où ils peuvent se faire soigner (l'Inde, notamment). Par ailleurs, quelques missions viennent une fois par an, en apportant tout leur matériel, opérer sur place (Equipe australienne, belge, américaine), adultes mais aussi quelques enfants, mais seulement les cas les moins sévères, afin d'éviter les suites possiblement longues et difficiles que ces missions de courte durée ne pourraient pas gérer.
Ainsi, Mécénat-Chirurgie Cardiaque, qui fait venir les enfants en France, et qui les garde aussi longtemps que nécessaire, a bien sa place dans cette politique de santé, en proposant aux cas les plus complexes une prise en charge que les capacités locales ne permettent pas.

Le service de pédiatrie du CHU de Kigali :

La salle d'attente




La salle d'hospitalisation des enfants cardiaques. Chaque enfant est accompagné de sa mère, parfois de ses petits frères et soeurs, la mère, devant rester auprès de son enfant malade, ne pouvant pas laisser ses autres enfants.
Il y a une salle commune de 10-12 lits pour chaque type de pathologie (problèmes cardiaques, problèmes infectieux, post-opératoires, paludisme, oncologie, etc)




Famille devant le pavillon d'hospitalisation




Mères apportant du linge à leurs enfants. Il n'y a pas de prise en charge de l'intendance par l'hôpital : le linge et la nourriture doivent être apportés par les familles des hospitalisés.




Sortie du pavillon des consultations





Hôpital de Butare (en zone rurale)


L'arrivée à l'hôpital




La "salle de jeux" du service de pédiatrie




Fillette hospitalisée, qui sera vraisemblablement prise en charge par MCC





A Kigali, l'Hôpital King Faisal (semi-privé, semi-public)

Nous avons pu le visiter avec un représentant du Ministère de la Santé. Il n'a rien à envier à certains de nos hôpitaux. Services de pointe de chirurgie, de réanimation, bloc opératoire, etc. Il ne manque que la formation des médecins, trop peu nombreux... On sent que d'ici quelques années, et c'est bien ainsi, ils n'auront plus besoin de nous !

Entrée du Bloc Opératoire




Couloirs devant le service de réanimation




à suivre...
  • Message par Piga, lundi 11 juillet 2016 à 16h47
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Comment dire... C'est remarquable, les photos, le mécénat, l'engagement. Vivement la suite :bise:
Plog

  
Oui. Je suis étonné (car bien entendu pas informé) de la couverture santé de la population ! Nombre de pays plus "modernes" pourraient en prendre de la graine. Quant à la "prise en charge de l'intendance" je ne sais pas ce qu'en pense Marielle, mais il doit y avoir parfois de grands moments d'inquiétudes quant aux précautions sanitaires telles que nous les connaissons en France... mais l'expression de la petite fille au ballon rouge vaut sans nul doute que l'on prenne pour elle bien des risques.

  
Je suis surpris de découvrir l'organisation du service de santé du Rwanda et qui va à l'encontre de l'image que nous pouvons avoir de bon nombre de pays africains.
Ce type d'association et de mécénat est remarquable. C'est une bouffée d'oxygène au milieu des nouvelles du monde qui ne sont qu'une succession de guerres, massacres et corruptions.

  
Nous avons été, nous aussi, particulièrement impressionnés par cette politique de santé, qui n'est qu'une des facettes de la politique volontariste - et efficace - de ce petit pays, qui était anéanti il y a 20 ans, et qui est maintenant un des pays d'Afrique présentant la meilleure croissance, et le taux de corruption le plus bas.

4) Moudougoudou

Avant le génocide, le paysage rwandais était, semble-t-il, assez différent de maintenant.
Les maisons de terre crue étaient recouvertes de paille, ou de tôles pour les plus riches (les tôles ayant été, lors des pillages per-génocide, un des biens les plus convoités). Il n'y avait pas de village à proprement parler : les maisons étaient isolées, au milieu de la parcelle de terre cultivée par la famille. Il fallait parfois marcher longtemps à travers les cultures pour aller chez le voisin. Les parcelles n'étaient pas délimitées par des grillages, ni par des haies, ce qui pouvait être l'occasion de conflits entre les éleveurs (principalement Tutsi) dont les vaches pouvaient aller piétiner les plantations des cultivateurs (principalement Hutu).

Le paysage ressemblait vraisemblablement à ceci (sans les grosses maisons, construites récemment)




Après le génocide, une politique de reconstruction a été menée : disparition organisée des maisons de paille, constructions en dur (remplacement progressif des toits de tôle par des toits de tuiles) et surtout, regroupement de l'habitat autour des routes, visant à remédier aux destructions qui perduraient, et à rassembler les populations isolées sur les collines à des fins sécuritaires. Les rescapés comme les génocidaires amnistiés ne se sentaient plus en sécurité, isolés sur leurs parcelles. Ainsi, des agglomérations de maisons de type collectiviste ont vu le jour, appelés moudougoudou.
Dans nos déplacements entre Kigali et Butare, ou vers le village de Karembo dont je vous parlerai bientôt, nous avons traversé ces moudougoudou.

















Au Rwanda, les cabarets sont des lieux de rencontre incontournables : on y refait la vie autour d'une Primus, et c'est grâce à ces lieux de parole que le dialogue a pu reprendre entre les communautés, malgré le traumatisme profond. Il y a ainsi plusieurs cabarets dans chaque agglomération. On s'y arrête pour une Primus ou pour une brochette de chèvre.



à suivre...
  • Message par Milou, samedi 16 juillet 2016 à 17h38
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Far from the picture
  
Merci pour le partage :bise:
Oufti !
Les lapins sont toujours en retard

  
5) Sur la route

Un des points de notre missions était d'aller visiter un dispensaire d'une petite commune rurale, appelée Karembo, dans la province de l'Est, à 3 heures de voiture de Kigali.
C'est une traversée du Rwanda rural, alternant bananeraies, rizières, collines et marais. Partout, les gens nous accueillent avec gentillesse.
En quittant Kigali, après la visite du Mémorial de Nyamata, nous laissons très vite la route asphaltée pour les chemins de terre rouge, poussiéreux car nous sommes en plein dans la saison sèche.

Au petit matin, les enfants font des kilomètres à pied pour chercher l'eau dans des bidons jaunes - tous les mêmes, semble-t-il, sur l'ensemble du territoire.




Les marais de papyrus




La lessive en plein air




Paysage agricole de fond de vallée, anciens marais défrichés pour la culture du riz




Les hommes portent sur leurs vélos des régimes de bananes-plantain qu'ils vont vendre au marché




Les chargements sont parfois impressionnants




On croise sur les routes un flot incessant de gens, faisant des heures de trajet à pied ou à vélo, pour se rendre sur leurs parcelles cultivées, ou à la ville pour y vendre leur production, ou encore pour chercher l'eau... Les routes ne sont jamais désertes, même à la nuit tombée.






Travail communautaire dans les bananeraies






Accueil chaleureux au village



à suivre...

Marielle, un seul mot: formidable ! Pour la justesse de ton et la découverte...
(le fait que je ne poste quasiment pas ici n'enlève rien à la portée de mon compliment !)

Francis :D:

  
Superbe ! :salue :salue :salue :salue

  
Super reportage :!: :!: :!:

  
Merci à tous pour vos gentils messages. Cette semaine au Rwanda m'a profondément marquée. On revient forcément différent d'une telle expérience.
La suite, comme promis...

6) Karembo, commune rurale de la Province de l'Est


Notre mission a pu avoir lieu grâce à la volonté et au travail de Sophie, jeune infirmière française bénévole travaillant au Rwanda depuis janvier. Sophie avait d'abord fait un court séjour l'année dernière, grâce à une ONG, à Karembo dans le dispensaire local, administré par une association locale appelée Humura (littéralement : "aie confiance"), fondée par Jean-Claude, infirmier Rwandais. A la fin de son premier séjour, ayant pris la mesure des besoins pour les enfants ayant une cardiopathie , elle est venue frapper à la porte de Mécénat-Chirurgie Cardiaque en novembre dernier, dans le but de créer le lien entre Humura et nous pour, à terme, pouvoir faire prendre en charge des enfants rwandais par MCC.

Le bâtiment de l'Association Humura, construit sur la route. A l'arrière, non visible sur la photo, la maison familiale de Jean-Claude.
Humura est le dispensaire de santé du district.
Jean-Claude, avec l'aide de sa femme Olive, et de Sophie, y prodigue des soins de première nécessité (petite chirurgie, dentisterie, distribution de médicaments, ...) mais aussi des conseils sur la prévention du paludisme, du Sida, planning familial. Un petit laboratoire permet de faire des diagnostics infectieux (paludisme, parasitoses, etc.).




Jean-Claude nous expliquant les objectifs d'Humura : "Contribuer à l'amélioration des conditions de vie dans le contexte global de la lutte contre la pauvreté". Avec l'aide de son frère, il oeuvre aussi pour la formation des jeunes, afin qu'ils acquièrent tous un savoir-faire professionnel.




Les principaux artisans d'Humura : de gauche à droite Sophie, le frère de Jean-Claude (dont j'ai honteusement oublié le nom), Jean-Claude, Olive




Nous avons consulté une demi-journée : les enfants avaient déjà été screenés de façon efficace par Jean-Claude et Sophie. Restait à faire l'échographie pour établir le diagnostic précis. Ce petit garçon, porteur d'une cardiopathie réparable, va pouvoir être pris en charge par MCC.




Notre feuille de survie linguistique, affichée au mur...




Dans la rue du village






Dans les bananeraies




Les enfants ont découvert la joie de se voir en photo - et de se prendre en photo mutuellement. Un véritable moment de grâce.




Visite de la fabrique d'amandasi (beignets), délicieux...




Le paysage au couchant



à suivre...
  • Message par insoL, samedi 23 juillet 2016 à 15h25
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Félicitations pour le reportage et la mission humanitaire.
Mais j’aurais aimé en savoir plus sur l’étonnant «Convention Center» et me demande ce qu’il en est de la ou les langues véhiculaires en constatant que le français semble encore en usage malgré les dirigeants anglophones.
Rien ne peut être pensé sans son contraire.
Héraclite

  
insoL a écrit :
Mais j’aurais aimé en savoir plus sur l’étonnant «Convention Center»

Je ne sais pas grand chose à propos de ce Convention Center, à part qu'il est très récent - je crois même inauguré en 2016.
Désormais, Kigali se veut une plaque tournante pour l'Afrique de l'Est, et de nombreux congrès et rencontres internationales y ont lieu. Récemment un sommet des chefs d'Etat de l'Union Africaine, avec pour thème "2016 : année africaine des droits de l’homme, avec un accent particulier sur les droits des femmes". Mais aussi une journée internationale des réfugiés, par exemple (j'avais pris cette photo pour noter l'absence marquante de la France...)



insoL a écrit :
et me demande ce qu’il en est de la ou les langues véhiculaires en constatant que le français semble encore en usage malgré les dirigeants anglophones.

La langue parlée par l'ensemble de la population est le kinyarwanda. Le français (apporté par les colons belges) est resté la seule langue officielle de l'administration et de l'enseignement jusqu'en 2003. Mais depuis le génocide, du fait des relations tendues entre le gouvernement de Paul Kagame et la France d'une part, et du fait du retour au Rwanda de nombreux Tutsi ayant grandi en Ouganda (anglophone) d'autre part, l'anglais a peu à peu supplanté le français, et depuis 2003, l'anglais est devenu la langue officielle de l'administration et de l'enseignement avec le français, et depuis 2009, la seule (le français a été supprimé). Ainsi,dans les villes, les anciens parlent volontiers français, et les plus jeunes plutôt anglais. Dans les campagnes, les gens ne parlent que Kinyarwanda. Nous avons remarqué que les inscriptions étaient encore volontiers en français dans les petites villes et dans les campagnes, alors que la bascule vers l'anglais est quasi complète à Kigali.

Lors de nos rencontres officielles (ministère de la santé, hôpital, etc), il nous était demandé à chaque fois si on souhaitait parler anglais ou français.
Nous avons eu également l'occasion de faire une présentation de MCC, ainsi qu'un cours, au CHU de Kigali : les jeunes étudiants préféraient l'anglais.

(il est intéressant de savoir aussi que le Rwanda a intégré le Commonwealth en 2009...)
  • Message par insoL, dimanche 24 juillet 2016 à 9h43
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Merci Marielle.
Je savais que l’anglais était la langue officielle de ce Pays mais je me suis étonné d’une apparente survivance du français et ma question venait de ma sensibilisation au fait que j’habite dans une «Région» très multiculturelle mais juridiquement bilingue alors que le français y constitue l’indéniable langue de communication tandis que l’autre n’y est parlée que par une minorité de maximum 2 % de la population.

(Quant aux Ruanda et Burundi colonisés par l’Allemagne il furent confiés à l’administration belge par la Société des Nations après la défaite allemande de 14-18.
Ces nouveaux «administrateurs» ont, comme leurs prédécesseurs, entériné l’ordre «ethnico-social» original qui s’apparentait, aux yeux de l’Église catholique locale, à la discrimination subie, à l’origine, par les belges de langue(s) flamande(s) qui étaient majoritaires … Comme quoi, petites causes, … )
Rien ne peut être pensé sans son contraire.
Héraclite

  
7) Parc National de l'Akagera

Le vendredi de notre séjour était férié (1er juillet, Fête de l'Indépendance). Nous avons profité de cette journée "off" pour aller visiter le Parc National de l'Akagera, créé en 1934 dans le Nord-Est du pays - frontière avec la Tanzanie.
Au delà des mille collines, la Plaine Africaine comme dans les documentaires de National Geographic - ou comme dans Le Roi Lion...

Autrefois, cette région était à l'état de nature, les animaux sauvages ayant délimité leur territoire, les hommes le leur.
Après le génocide, les éleveurs réfugiés en Ouganda avec leurs bêtes sont revenus, ont traversé le fleuve Akagera, et ont voulu s'y installer. Les lions ont décimé leurs troupeaux, et les éleveurs sont alors partis à la chasse au lion, qui a totalement disparu de la région...
Pour que l'homme et l'animal puissent vivre à l'abri l'un de l'autre, le gouvernement a aménagé ce Parc National, long de plus de 100 km du Nord au Sud, et large d'une quarantaine de km d'Est en Ouest, avec un grillage séparant le Parc (à l'Ouest et au Sud) des terres des éleveurs. Le Parc est délimité à l'Est et au Nord par le fleuve et les marécages de l'Akagera qui forment la frontière avec la Tanzanie. Plusieurs espèces ont été réintroduites, et on peut ainsi croiser, si on a de la chance, hormis les troupeaux de zèbres, antilopes, buffles, hippopotames, ibis, colonies de singes, phacochères, des éléphants, des girafes, et même des lions.











Nous avons eu "la chance des débutants" : notre chemin a ainsi croisé celui d'un éléphant mâle solitaire, impressionnant...




et aussi un lion, repus de son repas de buffle.




Dans le Nord-Ouest du pays, un autre parc national, pour aller observer les gorilles (prix d'entrée rédhibitoire pour nous)

  
Merci pour ces superbes photos accompagnées de commentaires qui nous ont permis de découvrir ce pays mal connu. L'association MCC fait un travail remarquable pour ces enfants atteints de malformation cardiaque.
Bravo :lol: :lol: :bise:

Éléphant sans défenses ? :roll:
Rien ne peut être pensé sans son contraire.
Héraclite

  
insoL a écrit :
Éléphant sans défenses ? :roll:

Oui ! (Je n'avais même pas remarqué...)
Sans défense (d'éléphant), mais pas sans défense, et sacrément impressionnant quand même :peur: !!
Sélection naturelle et dérive génétique en réponse au braconnage intensif ?
A lire ici aussi.
  • Message par insoL, mercredi 27 juillet 2016 à 10h44
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Merci Marielle … Pour les informations (en français). ;¬)
Sélection «naturelle» du fait que ce sont les individus sans défenses qui se reproduisent ; les autres ayant été éliminés par les braconniers. Cela dit, à mon avis, en détruisant les stocks d’ivoire, les autorités favorisent le braconnage en créant la rareté.
Rien ne peut être pensé sans son contraire.
Héraclite

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