Les centrales aiment l'eau, mais pas trop.
Le désastre japonais change probablement notre perception des choses.
Pour moi, les questions restent simples, mais les réponses brouillées.
La survenue d'accidents de type Fukushima est-elle inéluctable ?
Si les centrales françaises, allemandes, sont des modèles de sécurité (d'après les experts que je crois volontiers), qu'en est-il de celles qui fonctionnement actuellement en Roumanie et en ex-URSS, ou de celle dont l'ouverture est imminente en Iran ?
La France défend son industrie nucléaire car elle est exportatrice ; qu'en sera-t-il si nous n'avons plus de clients ?
Elle la défend également au nom de la production d'électricité peu chère (éolien, deux fois plus cher, photovoltaïque dix fois plus).
Qu'en sera-t-il lorsque l'ensemble du parc sera à démanteler et remplacer, au vu des difficultés apparentes de déconstruction (comme à la centrale de Brennilis à l'arrêt depuis 1985), et des coûts des nouveaux EPR (comme à Flamanville) ?
Doit-on voir dans l'accident de Fukushima une imprévisible malchance, et dans ce cas il pourrait y en avoir d'autres (des rapports concernant la sécurité de la centrale du Tricastin en cas de rupture des barrages de Donzère ne sont pas rassurants - la centrale étant construite pour résister à un séisme mais pas le barrage) ;
ou doit-on voir dans cet accident le résultat d'un manque de contrôle d'une installation gérée par une firme privée ne rendant compte qu'à elle-même, n'ayant pas pris les mesures de sécurité nécessaires.
Dans ce dernier cas, la gestion publique est-elle garante de qualité et de sécurité ?
Pour simplifier et résumer :
admettons que le nucléaire sécurisé et le retraitement des déchets sont possibles, mais à quel prix ?
Peut-on avoir confiance, après avoir en théorie fait pour le mieux, dans ce qui se fait ailleurs ?
Si un pays européen riche et à haute technologie abandonne sa filière nucléaire
a priori sûre, cela n'empêchera aucunement que dans autre pays, une centrale mal gérée et mal située devienne dangereuse.
On pourrait même argumenter qu'en cessant de maîtriser cette haute technologie dans les pays qui l'ont développée (USA France), on perd toute possibilité de contrôle sur ce qui se fait ailleurs, rendant la situation plus dangereuse.