Dans mon département il y a 2 résidences d'artiste, je les visite l'une et l'autre dans le cadre de mon activité professionnelle, en particulier pour assurer l'illustration d'une revue d'art contemporain. Donc ce matin rendez-vous aux Arques, où l'on m'avait promis la présence de 5 artistes. D'artistes il n'y en avait que 2, qui refusaient tout net d'être photographiés ainsi que leurs travaux en cours de réalisation. Les autres ainsi que leur production n'étaient pas là, bouclage du journal ce soir ! Je finis par obtenir de Koo Jeong-a (plasticienne coréenne) qu'elle me montre son atelier, rien qu'à moi.
Dans la pile de papier il y a les travaux récents !
L'atelier se résume à ça, elle a refusé que je photographie les quelques crayons et gomme bien rangés qui étaient tout près, rien d'autre dans l'atelier, tout blanc, tout vide. Puis comme elle s'intéressait beaucoup à mon Leica, on a un peu sympathisé et j'ai pu faire le portrait suivant, alors qu'elle a passé la matinée à éviter notre groupe et que personne n'a pu la photographier durant les 4 mois qu'elle a passé ici.
Voilà le journal est bouclé, j'aime beaucoup ces deux images, je pense que le graphiste les aimera aussi, mais je doute que ça passe les validations finales.
Dans la pile de papier il y a les travaux récents !
Digne de Saint-Exupéry :
"- S'il vous plaît, dessine-moi un mouton (...) "- Ça c'est la caisse. Le mouton que tu veux est dedans. "
Cette première image est vraiment réussie ! Justement, on imagine bien que "tout" est dedans, avec en plus un graphisme qui devrait bien aller pour une revue d'art moderne (non ?)
Je suis en revanche étonnée que des artistes n'aient pas davantage envie de se montrer, ou de montrer leur travail, surtout pour une revue. ça devrait leur faire de la pub. Et un artiste n'existe que par le regard des autres sur ce qu'il fait. Sinon, à quoi bon les artistes ermites !
je suis d'accord avec ton raisonnement la diva, mais je crois que ces artistes ont la paranoïa de la copie.... je suis allé récememment chez un grand chocolatier belge à Bruxelles, et j'ai voulu faire une chouette photo de ces chocolats bien mis en valeur, je me suis fait refouler aussi sec...
effectivement, la crainte de la photographie comme vecteur de copie ne fait que s'amplifier
j'avais pris contact avec un réparateur d'instrument à vent,que je connaissais un peu, pour lui demander l'autorisation de pouvoir faire une séance photo dans son atelier en lui expliquant que je n'étais qu'un amateur et que je lui offrirais des tirages (s'ils étaient réussis ). Mon but était de participer au fil hommes, femmes au travail sur summilux, je l'avais informé de ce projet.
j'ai reçu d'emblée un refus non en rapport avec le risque de perturber le travail, ce que j'aurais compris, mais par la crainte de la diffusion d'images sur leur savoir faire
j'ai reçu d'emblée un refus non en rapport avec le risque de perturber le travail, ce que j'aurais compris, mais par la crainte de la diffusion d'images sur leur savoir faire
Quel dommage !
Justement, la diffusion d'images sur leur savoir-faire contribue à la survie de ces métiers d'art (je pense à mon luthier, ou au restaurateur d'horloges).
Alors voilà la fin de l'histoire avec Koo, elle m'a expliqué qu'elle avait eu des expériences de portrait peu intéressantes, où on l'avait fait poser, se changer, et qu'elle ne tenait plus à se prêter à ce genre d'exercice.
Et ça je le comprends très bien.
Alors je lui ai montré une photo que j'avais faite d'une de ses collègues dans l'autre résidence (Argentine de Patagonie d'origine Libanaise qui travaille avec des souris), celle-là pareil, elle ne voulait pas être portraiturée. Et alors les yeux de Koo se sont mis à briller et moi royale je lui ai dit que c'était trop tard que moi aussi j'avais mes caprices d'artiste et que il n'y avait plus que ses basket qui m'intéressaient.
ça l'a bien fait rire !
Ensuite pour les oeuvres je crois qu'ils ne tiennent pas trop à dévoiler leur process, ils préfèrent montrer le travail achevé, même pour un journal qui paraitra après le début des expositions. Vernissage le 1° juillet pour les deux résidences.
......aaaaaahhhh, ces artists.....sont quand même un peu chiants quand ils deviennent pretentieux. j'ai la chance ici avec mes poteaux, pourtant loin d'être manchots, que ce soit les peintres, sculpteurs ou luthier.
refusent jamais une petite photo et sont même très contents avec les tirages que je leur offre de temps à d'autre.
si ça derange pas nel nous pourrions commencer un fil ici avec des images de "ces gens la" ....non????
Et alors les yeux de Koo se sont mis à briller et moi royale je lui ai dit que c'était trop tard que moi aussi j'avais mes caprices d'artiste et que il n'y avait plus que ses basket qui m'intéressaient. ça l'a bien fait rire !
Et toc !!
Quant à "dévoiler leurs process" ! Ce n'est quand même ni secret-défense, ni espionnage industriel !
Et en plus, la parution du magazine aura lieu après le vernissage... alors ??
A une epoque, je me mettais en pétard grave, maintenant je m'en fous. J'en fais un jeu, un challenge, pas simple de rencontrer un artiste dont on ne sait rien et de faire une image qui ne le trahisse pas lui et son travail en 30 minutes et malgré lui.
Et puis il y a de belles rencontres, des estimes qui s'installent durablement, et comme pour le vin je pratique les échanges (photos contre oeuvre, photos contre bonnes bouteilles).
J'aime beaucoup aborder l'art pas ses coulisses et en direct avec les artistes, c'est un privilège de notre métier que de nous offrir tant d'occasions. Tant pis si des fois c'est pas très sympas, avec l'âge mon ego s'est un peu dégonflé et ça me laisse quelques bonnes histoires à raconter.
Pour ce qui est de Koo, je pense que je la reverrai la semaine prochaine, affaire à suivre donc ...
Depuis que les artristes plasticiens (j'ai laissé la faute de frappe involontaire) ont remplacé le savoir faire par le faire savoir, il est vital qu'ils aient un contrôle — absolu — sur leur image-œuvre.
Mais, pour ma part, j'ai cessé de m'intéresser à ces égotiques profonds.
"Quand on ne sait pas faire de l'Art, on fait l'artiste" ; Juan d'Oultremont.
). Mon but était de participer au fil hommes, femmes au travail sur summilux, je l'avais informé de ce projet.
!!
