Publié : mercredi 10 novembre 2010 à 18h18
Oui, "Solange", on parle aussi d'images sonores.
Tu me fais penser à ce cours que je donne au Conservatoire, à propos du son.
Image et son ont ceci de commun et de particulier qu'on peut les enregistrer.
Deux de nos cinq (ou six) sens sont ainsi privilégiés.
Il est impossible de "rejouer" la caresse ou la fessée, le parfum qui flottait dans l'atelier de fleuriste de mes parents, le velours dont un Richebourg de 1929 a un jour tapissé mon palais...
Cinq de nos sens sont notre lien avec le monde.
Ils nous "protègent", mais c'est aussi par eux que nous communiquons.
Ils sont associés à la vie.
"Brillat-Savarin" dans sa "Physiologie du goût" définissait d'ailleurs un sixième sens qu'il a nommé le "génésique",(*) "ou amour physique, qui entraîne les sexes l’un vers l’autre, et dont le but est la reproduction de l’espèce".
Le son est défini par les physiciens (fréquence, amplitude, ...) mais je lui préfère une autre définition.
"Le son est une sensation".
Il existe en tant que tel, si une oreille est là pour le capter et un cerveau pour le décortiquer.
Le son emplit l'espace.
Il se développe dans le temps et fait appel à la mémoire.
L'image, elle, permet des aller-retours et elle repose sur une portion de surface ou d'espace qu'on peut délimiter de façon très stricte.
Le cours se développe ensuite vers les relations entre l'être vivant et le monde à travers ses sensations.
Il étudie les relations entre les sens.
A un certain moment on parle du silence. C'est une réflexion qui a démarré un jour à propos de la question du silence "absolu".
Je me suis parfois trouvé dans des laboratoires d'acoustique ou d'électro-acoustique.
Il y a là-bas des locaux qu'on appelle "chambres sourdes" ou "anéchoïques" (mais on pourrait dire plus justement "chambres muettes".
Dans ces locaux on a créé une très forte isolation par rapport aux bruits extérieurs.
Et les parois sont constituées de matériaux absorbants de façon à ce que rien ne reflète le son.
C'est l'équivalent d'une "camera obscura" dont les murs seraient peints dans un noir si mat qu'il ne reflèterait aucune lumière (d'aucune longueur d'onde visible ou sensible).
Autant dire que de tels lieux n'existent pas dans la vie "courante".
Enfermé seul là-dedans, on constate que la limite du silence, le son le plus faible qu'on puisse percevoir, c'est le "bruit" de la vie.
Les pulsations cardiaques, les flux d'air et de sang, les bruits des viscères.
"Je" suis la limite du plus profond silence qu'il me soit possible de percevoir.
Hormis la destruction totale de mon oreille, ou la mort.
Le silence serait donc un "bruit métaphysique"...
Voilà pourquoi je trouve ces questions à propos de l'image et de la photographie "bouleversantes", car elles touchent à de grandes profondeurs.
(*) http://www.akilit.com/histoire/des_sens.htm
Je suis bon élève!
Tu me fais penser à ce cours que je donne au Conservatoire, à propos du son.
Image et son ont ceci de commun et de particulier qu'on peut les enregistrer.
Deux de nos cinq (ou six) sens sont ainsi privilégiés.
Il est impossible de "rejouer" la caresse ou la fessée, le parfum qui flottait dans l'atelier de fleuriste de mes parents, le velours dont un Richebourg de 1929 a un jour tapissé mon palais...
Cinq de nos sens sont notre lien avec le monde.
Ils nous "protègent", mais c'est aussi par eux que nous communiquons.
Ils sont associés à la vie.
"Brillat-Savarin" dans sa "Physiologie du goût" définissait d'ailleurs un sixième sens qu'il a nommé le "génésique",(*) "ou amour physique, qui entraîne les sexes l’un vers l’autre, et dont le but est la reproduction de l’espèce".
Le son est défini par les physiciens (fréquence, amplitude, ...) mais je lui préfère une autre définition.
"Le son est une sensation".
Il existe en tant que tel, si une oreille est là pour le capter et un cerveau pour le décortiquer.
Le son emplit l'espace.
Il se développe dans le temps et fait appel à la mémoire.
L'image, elle, permet des aller-retours et elle repose sur une portion de surface ou d'espace qu'on peut délimiter de façon très stricte.
Le cours se développe ensuite vers les relations entre l'être vivant et le monde à travers ses sensations.
Il étudie les relations entre les sens.
A un certain moment on parle du silence. C'est une réflexion qui a démarré un jour à propos de la question du silence "absolu".
Je me suis parfois trouvé dans des laboratoires d'acoustique ou d'électro-acoustique.
Il y a là-bas des locaux qu'on appelle "chambres sourdes" ou "anéchoïques" (mais on pourrait dire plus justement "chambres muettes".
Dans ces locaux on a créé une très forte isolation par rapport aux bruits extérieurs.
Et les parois sont constituées de matériaux absorbants de façon à ce que rien ne reflète le son.
C'est l'équivalent d'une "camera obscura" dont les murs seraient peints dans un noir si mat qu'il ne reflèterait aucune lumière (d'aucune longueur d'onde visible ou sensible).
Autant dire que de tels lieux n'existent pas dans la vie "courante".
Enfermé seul là-dedans, on constate que la limite du silence, le son le plus faible qu'on puisse percevoir, c'est le "bruit" de la vie.
Les pulsations cardiaques, les flux d'air et de sang, les bruits des viscères.
"Je" suis la limite du plus profond silence qu'il me soit possible de percevoir.
Hormis la destruction totale de mon oreille, ou la mort.
Le silence serait donc un "bruit métaphysique"...
Voilà pourquoi je trouve ces questions à propos de l'image et de la photographie "bouleversantes", car elles touchent à de grandes profondeurs.
(*) http://www.akilit.com/histoire/des_sens.htm
insoL
La cinquième, c'est du Van Lier ?
Je suis bon élève!