le Pirate Forum
    Image ou photographie ?

  
Lorsque je regarde et lis des livres de photographes, j'y apprends le plus souvent qu'ils font des photographies.
A titre personnel, c'est ce que je crois faire également lorsque j'utilise un appareil photographique.
Dans d'autres lieux, et en particulier sur les forums, nombreux sont ceux qui, présentant des fichiers issus d'appareil photographiques, ne disent pas présenter des photos, mais des images.
Quelle est l'origine de ce glissement sémantique ? le support informatique ? le transfert de la photographie dans un fichier d'image ?
L'accès au statut d'image est-il valorisant ? (prononcer alors imaaaaaage ?)

Métaphore est l'un des sens du mot image ; faut-il y voir le fait que le photographe n'aurait pas fait une simple photographie, mais une métaphore du sujet saisi, ce qui reviendrait à avoir fait une double image, photographique et métaphorique ?

Henri de Monfreid disait prendre des Leicagraphies. Métaphore ou métonymie ?

http://fr.wikipedia.org/wiki/Photographie


Quid de la lithographie versus la peinture. Des techniques pour faire des images.
  • Message par insoL, mercredi 10 novembre 2010 à 9h43
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D'abord une question : qu'en est-il dans d'autres langues ?
Ensuite, le mot « photographie » peut ne signifier qu'une projection de photons sur une surface sensible.
Quant au terme « image » que, personnellement, je n'utilise pas, je suppose qu'il est quelque peu « connoté » par la littérature spécialisée elle même influencée par certains courants des sciences dites humaines, ce qui nous renvoie, je pense, à la première question.
Rien ne peut être pensé sans son contraire.
Héraclite

  
Personnellement, j'utilise, pour ma "production photographique", indifféremment les 2 termes : la photographie est un moyen de produire des images.
Les images produites sont alors des photographies... Pas de valorisation incluse dans le terme "image", pour ma part.
Coin.
  • Message par HB, mercredi 10 novembre 2010 à 10h43
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L'image est le reflet de ce que l'on a devant soi :lol:
  • Message par Tromer, mercredi 10 novembre 2010 à 11h04
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"Dieu fit l'homme a son image"....il n'avait donc pas d'appareil à faire des photographies :(
Dommage, on saurait peut être aujourd'hui à quoi ressemble Dieu.
:kl:

Voir

http://www.regard-sur-limage.com/spip.php?article373

  
Photographie : écriture avec de la lumière.
Cela concerne donc le négatif et le papier photo.
Pour le numérique, c'est plus compliqué.
L'action de la lumière sur le capteur donne un fichier composé de "zéros" et de "uns" au travers de moulinettes de logiciels.
"Quand tu ne ris pas tu ne vis pas"

Numérographie ? Photonumgraphie ? :?

"Ecrire avec de la lumière", cette étymologie poétique n'est pas du tout mise en échec par le numérique. Comme pour l'argentique, la lumière reçue par un capteur est convertie en information, analogique d'un coté par la modification d'états moléculaires, numérique de l'autre par la conversion analogique/digitale des signaux photoelectriques. Le codage de l'information est bien différent, les outils de restitution/interprétation de l'image ne sont pas les mêmes et, au final, on peut préférer une chaine de traitement à une autre (i.e argentique vs. numérique) mais dans tous les cas on se retrouve devant notre interprétation de l'image transmise par l'objectif.
Par delà les préférences esthétiques, il me semble que cette véritable nouvelle "querelle" entre anciens et modernes dépasse très largement le cadre d'une analyse qui se voudrait rationnelle (commentaire de la remarque d'Orville).
On fait toujours de la photographie et le glissement sémantique vers "image" traduit peut-être l'inconfort que nous éprouvons à définir la frontière entre l'image/photo et le résultat d'un "triturage" numérique où la photo est utilisée comme une simple matière première participant à la création d'un objet/image qui la dépasse totalement et en pervertit le sens initial. Pourtant, ce "triturage" est (était?) aussi parfaitement maitrisé au pays du tout-argentique qui savait très bien produire des objets/images, pures créations dé-réalisées n'ayant rien à envier aux photoshopages actuels.

  
Dans le tout argentique, quelque soit le triturage, il s'agit toujours, in fine, d'action de la lumière sur une surface sensible.
"Quand tu ne ris pas tu ne vis pas"

orville
Dans le tout argentique, quelque soit le triturage, il s'agit toujours, in fine, d'action de la lumière sur une surface sensible.
Comme j'ai tenté de l'expliquer un peu succintement dans mon précédent post, le capteur de nos appareils numériques est aussi une surface sensible...

  
Avant d'aller plus loin dans le débat, du strict point de vue technique, ce qu'Orville fait remarquer, je pense, c'est que le tirage à l'agrandisseur donne une image finale qui est toujours le résultat d'une action de la lumière sur une surface sensible, lumière dont certes, nous nous amusons à modifier le trajet au moyen de masques divers, et l'action du révélateur, plus ou moins chaud, sur un temps plus ou moins long, etc.
Le tirage numérique est un transfert purement mécanique et reproductible à l'infini d'une trame de données orthogonale que nous avons pu, 300e par 300e de pouces modifier à la loupe.
  • Message par insoL, mercredi 10 novembre 2010 à 13h34
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Ne pas négliger qu'en argentique il faut successivement « révéler » et — surtout — « fixer » in fine par un processus chimique … Sinon, pas d'image !

Ne pas négliger, non plus, un fait fondamental : pour réaliser une photographie, il faut que les photons réfléchis par le sujet soient « focalisés » ce qui implique un « point de vue » !
Mais le fait est que ces termes ont des significations différentes selon la physique ou, par exemple, la narration d'où certaines confusions, métaphoriques, entretenues sciemment ou non.
La moindre n'étant certainement pas celle que nous devons aux sémotiquostructuralistes qui font de la photographie … un « langage » ! :shock:
Rien ne peut être pensé sans son contraire.
Héraclite

  
coignet
Avant d'aller plus loin dans le débat, du strict point de vue technique, ce qu'Orville fait remarquer, je pense, c'est que le tirage à l'agrandisseur donne une image finale qui est toujours le résultat d'une action de la lumière sur une surface sensible, lumière dont certes, nous nous amusons à modifier le trajet au moyen de masques divers, et l'action du révélateur, plus ou moins chaud, sur un temps plus ou moins long, etc.
Le tirage numérique est un transfert purement mécanique et reproductible à l'infini d'une trame de données orthogonale que nous avons pu, 300e par 300e de pouces modifier à la loupe.


C'est bien ce que je voulais dire.

Dans le numérique, seule la première étape est l'action de la lumière sur une surface sensible.
La suite c'est du traitement de fichiers, et quand il y a un tirage c'est le plus souvent réalisé avec une imprimante.
Est-ce que le résultat est encore une photographie ?

Je sens que je vais avoir du mal à m'endormir ce soir.
"Quand tu ne ris pas tu ne vis pas"

Image: ... c'est un emprunt au latin imaginem, accusatif de imago -> <<représentation>>, <<portrait>>, <<fantôme>>, <<apparence>> par opposition à la réalité... [le mot image] s'étend aux autres impressions sensorielles ... image sonore, ... (Dictionnaire historique de la langue française).

La photographie (technique) n'est donc que l'un des moyens de produire une image (représentation) .
L'utilisation de plus en plus fréquente du terme image vient peut-être de ce que la photographie est de plus en plus intégrée, absorbée par le domaine des "arts" graphiques et n'en est que l'un des outils alors que l'on s'attache plutôt au seul résultat: une représentation (du réel, ou pas) ?
  • Message par insoL, mercredi 10 novembre 2010 à 15h08
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@ orville.
Ne peut-on considérer comme équivalents les « traitements », postérieurs à l'exposition, qu'ils soient numériques ou chimiques ?
@ Solange
Le terme « représentation » me paraît être l'un des plus adéquats, mais il n'échappe pas, non plus, aux perfidies métaphoriques du langage.
Rien ne peut être pensé sans son contraire.
Héraclite

  
Il faudrait relire ça.
D'après lui, la nature de la "photo numérique" est différente.
"Quand tu ne ris pas tu ne vis pas"
  • Message par nel, mercredi 10 novembre 2010 à 16h18
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J'ai toujours entendu ces expressions image et photographie et ce bien avant que le numérique n'apparaisse, et ma carrière commence à être longue, plus longue d'ailleurs en argentique qu'en numérique, pour le moment.
Ce ne sont que deux manières de parler de la même chose pour les photographes, ça n'a rien à voir avec le débat numérique/argentique qui ne m'intéresse d'ailleurs pas les deux techniques produisant des images ou des photographies.
J'ai même entendu des gens faire la distinction entre une photo et une photographie (prononcer PHOTOGRAPHIE), je crois que le terme image s'inscrit dans ce genre de distingo, c'est une manière pour l'auteur ou le spectateur d'exprimer son investissement psychique et émotionnel dans le document dont il parle.
"En effet, il est plus beau d’éclairer que de briller seulement ; de même est-il plus beau de transmettre aux autres ce qu’on a contemplé que de contempler seulement...", Thomas d'Aquin

Oui, je suis d'accord avec ça.

Ma conclusion toute personnelle serait: une photo est une image. Une image n'est pas toujours une photo. Quant au "numérique", c'est un outil supplémentaire dans la caisse à outils. Cela sert à créer du contenu (la photo) et ces "débats" sur Internet qui n'est qu'un moyen de communication, un tuyau, qui ferait qu'une photo n'est plus la même me semblent constituer toujours la même confusion entre contenant/contenu. Ce qui ne veut pas dire que l'Internet et les moyens numériques conduisant à une augmentation exponentielle de la production et à l'instantanéité de la "livraison" sont sans conséquence.

C'est vrai que la question lancée par "Coignet" fait turbiner les neurones et il y a tellement de choses à considérer que ça peut prendre plus de temps que ce que nous laisse l'évolution rapide de la technique. De plus, la vie est très courte.

J'ai relu certaines choses pour nourrir la réflexion.

Voici quelques-unes des pistes.

Tout ceci étant bien sûr un point de vue personnel, des choses dans lesquelles j'ai l'impression de me retrouver.

On pourrait développer chacune des phrases qui vont suivre.



L'image n'existe que lorsqu'elle impressionne la rétine, qui est selon moi "la" surface sensible.

L'image est produite depuis très longtemps par les hommes comme mode de représentation du monde. Elle participe aussi aux rêves. Elle figure toujours la mort puisqu'elle fixe une chose, un être ou un instant qui passent. En cela elle a un rapport avec la question de l'immortalité.

La photographie est un mode de représentation nouveau qui bouscule les autres modes d'expression graphiques, parfois très anciens.

C'est un processus technique, porté par un artiste qui propose une vision personnelle qu'il souhaite partager.

Il se distingue des autres techniques par sa dépendance très forte à des processus industriels (optique, mécanique, chimie, électronique...) et humains (on peut difficilement réaliser l'instrument et les supports de capture, de stockage et d'échange sans dépendre d'un ensemble de spécialistes).

La photographie se nourrit dans la vie du photographe et les objets qu'il représente sortent du réel.


Voilà ce qui m'est passé par la tête en ce début d'après-midi alors que je me trouvais dans un studio de photographie pour enregistrer du son simultanément à des prises de vues d'images animées...

Anima...

Imago...


Tu as raison, "insoL", nous sommes plongés dans des métaphores.
:?

  
Qu'est-ce que la photo ?
En pensant à Barthes :

"Quand tu ne ris pas tu ne vis pas"

Philippe VDD
...Voilà ce qui m'est passé par la tête en ce début d'après-midi alors que je me trouvais dans un studio de photographie pour enregistrer du son [des images sonores] simultanément à des prises de vues d'images animées...

Images sonores qui <<figurent toujours la mort puisqu'elles fixent une chose, ..., un instant qui passent>> :wink:

Orville
En pensant à Barthes
Ah, non pas Barthes, pas lui ... :?
  • Message par insoL, mercredi 10 novembre 2010 à 18h05
    citer

On pourrait développer chacune des phrases qui vont suivre.


OK, je commence donc par la première. :cool:

La comparaison rétine/surface sensible (film ou capteur) est aussi évidente que fausse.
Car un œil immobile est aveugle ! En fait,l'œil, les yeux, effectue(nt) un balayage qui ne peut être assimilé à un instantané.
De plus, le 'post traitement', parlons-en, :cool: est effectué par le système neuronal qui traite des impulsions électro-chimiques de même nature quelque soit l'organe perceptif. (Y penser n'est pas inutile)

La cinquième, c'est du Van Lier ? :D:

Enfin, la perversité des métaphores est infinie.
En essayant d'y échapper, j'ai espéré trouver une définition qui y échapperait avec la « projection conique » ! … Et bien j'en connais qui y voient une métaphore de … « la pyramide du pouvoir » … capitaliste, bien entendu. Si-si, je vous jure ! :(

Quant à Barthes … N'a-t-il pas abordé LA photographie à partir du portrait de sa maman … ? :mrgreen2:

Pose longue non fixée :



(Je n'ai pas eu le courage de faire un 'pop up') :?

(j'en ai fait un pour vous)
:pic Merci :bise:
Rien ne peut être pensé sans son contraire.
Héraclite

  
J'ai toujours eu la sensation que Barthes était d'un niveau plutôt infantile (ce qui suppose peut-être que je n'y ai jamais rien compris).
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